Philippe ARDANT, Georges DUPUIS, Jean-Luc PARODI

Introduction

Pouvoirs n°15 - La négociation - novembre 1980 - p.3

Dès les premières lignes de Saint-Germain ou la négociation, ce petit livre qui lui valut le prix Goncourt en 1958, Francis Walder révèle son dessein : « Je l’avoue, certains souvenirs de comités, nationaux et internationaux, auxquels je pris part, ne sont pas étrangers à la composition de ce livre. A Londres, à Paris, en diverses langues, les réunions se sont succédé au cours de ces années qui me paraissent déjà lointaines. Les délégations se rencontraient autour des tables vertes, et leurs débats n’auraient pu aboutir si chacune n’était entrée en séance avec un plan et une tactique propres. Les tours et les finesses où les conduisaient ces tactiques m’ont souvent donné à penser « qu’un portrait du négociateur était à faire ». L’entreprise, bien entendu, le conduit – le talent de l’écrivain aidant – à dessiner une sorte de « modèle » littéraire de la négociation : les acteurs sont lancés « dans les procédures en usage depuis qu’on négocie » ce qui permet de « voir jouer les ressorts plus ostensiblement que dans le réel ».

La revue Pouvoirs, fascinée, à son tour et pour le temps d’un numéro, par la négociation, a voulu insister à la fois sur son universalité et sur sa diversité.

Marcel Merle explique d’abord comment, dans toutes les sociétés et dans tous les groupes, la négociation est présente – comme son contraire, la décision unilatérale – peut-on dire le compromis comme le diktat ? Puis une série d’articles évoque divers types de négociations : internationale, commerciale, européenne, sociale…

Encore fallait-il montrer comment les recherches actuelles peuvent mieux éclairer ces « débats ». Le témoignage des diplomates (Michel Jobert) ou des négociateurs (Jean-Laurens Delpech, Edgard Pisani, Eugène Descamps et Jean-Paul Murcier), la réflexion idéologique (Pierre Dabezies, Yves Delahaye et Dominique Moïsi) se doublent d’analyses plus institutionnelles ici, plus sociologiques ailleurs (Jean-Daniel Reynaud) et s’intègrent à toutes sortes de travaux dont l’état est dressé par Hubert Touzard et qui sont parfois porteurs de « modèles » singulièrement éloignés des brillantes esquisses de FrancisWalder.

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